A Bali, l’Est fait l’objet d’une vénération particulière : ce point cardinal symbolise en effet le royaume de Shiva, lorsque ce dieu se manifeste sous les traits de Surya, le dieu soleil. Les mythes balinais expliquent comment les immortels fixèrent à l’Est de l’île le mont Agung, pour qu’il leur serve de trône. « Nombril du monde », ce volcan est vénéré dans tous les temples de Bali, où des autels lui sont consacrés. Sur ses flancs, qui dominent toute la partie orientale de Bali, s’élève le plus sacrés des sanctuaires, le Pura Besakih. Mais, avant l’indianisation de bali, cette montagne faisait déjà l’objet d’un culte, qui a été intégré aux nombreux rites hindous.
L’Est de l’île vit aussi s’épanouir les plus puissants royaumes balinais, La cour de Gelgel au XVI e siècle, celle de son successeur Klungkung et de Karangasam, étaient particulièrement raffinées. Les rajahs, ainsi que l’aristocratie locale, subventionnèrent des écoles de danse et de musique qui sont encore florissantes. C’est enfin la seule région où le haut dialecte aristocratique balinais sert encore largement de langue vernaculaire.
D’Ubud ou du sud, toutes les routes convergent sur Gianyar, grosse ville impersonnelle et pôle d’un important artisanat du textile. À côté de la place centrale, le palais est l’un des rares encore habités par une famille royale. Les piliers en bois savamment ouvragés, le travail de la pierre et les proportions généreuses des cours sont caractéristiques du style palantin balinais. Très animé à toute heure du jour et du soir, le marché propose beaucoup d’articles de bijouterie traditionnels en or, ainsi que force cochonnailles (goûter au babi guling, cochon de lait grillé à la balinaise).
Klungkung (à 20 km de Gianyar) est une ville dont les nombreux monuments et le marché exigent un arrêt. Dans le passé, cette ancienne capitale royale a été à la fois un grand centre politique de Bali et le principal refuge de la cour de Mojopahit, chaussée de Java au début du XVI e siècle. Construit au XVIII e siècle, le palais de justice (Bale Kerta Gosa) comporte sur son plafond, des peintures où figurent les châtiments attendant les coupables dans l’autre monde.
D’une architecture délicate et abondamment décorée de peintures minutieuses qui couvrent tout le plafond, le pavillon du Bale Kambang a été bâti à la même époque. Il est posté au milieu d’un étang fleuri de lotus et de nénuphars.
Besakih, le « temple mère »
Au nord de Kulngkung, une route de montagne grimpe à travers les rizières. Accrochées aux flancs du mont Agung, ces dernières sont sans doute parmis les plus spectaculaires de Bali. Cette chaussée mène au saint des saints de l’hindouisme balinais, le Pura Besakih. Se détachant sur la masse sombre du Gunung Agung, les meru noirs et élancés de cet ensemble qui comprend une multitude de temples représentent le sanctuaire le plus vaste et le plus important de l’île. Site sacré dès la préhistoire, Besakih est pour la première fois mentionné dans une inscription rédigée en 1007.
Depuis le XV e siècle, période durant laquelle il devint le sanctuaire officiel de la dynastie de Gelgel de ses ancêtres déifiés, c’est le « temple-mère » de l’île, un grand pôle de pèlerinage où toutes les déités du panthéon balinais sont représentées même s’il est centré autour des trois grands temples dévolus à la trimurti, la trinité hindouiste. Épargné par l’éruption, en 1963, du Gunung Agung, il est le cadre de purification qui attire presque tous les balinais. La dernière édition de cette fête a eu lieu en 1999.